Camille sans compromis

J
adis, j'attaquais le Beau par ses flancs.
Lui en faisais voir de toutes les couleurs !
Des arcs en ciel de doutes balayés vers les étoiles.
Ma récompense, cette renaissance, pourpre, fragile, était sur le seuil.
La famille a resserré les lignes du cœur.
Mais toi, où étais-tu petite sœur ?
Je ne laisse personne derrière. Je tracte et j'avise de sorte à embraser la nuit.
J'exhume des sensations ensevelies dans les puits fondés, structurés au milieu des cimes vertes et blanches. J'accueille ton âme sur mon épaule, élancée et drapée d’élégance, ornement de mes toiles.
Partageons cela, le Tout, ma précieuse, et dans l'Instant.
Et si cela existait en vrai ? Et si Talentueuse tu te savais ?
Ne t'ai-je jamais aimé au point d'en venir à consumer le tien, de chagrin...
Allez viens, je t'emmène aux confins de mon monde étourdissant de promesses dorées, de baisers, de cris et d'enfers, de cubes, d'impressions, d'argile et d'arts premiers.
Mon inséparable, je te promets.
--------
Alors nous voici, au pied de ce Colosse élémental.
Sans véritablement savoir, dans nos apparences, ce que nous venons y faire.
C'est moi qui t'y ai emmené, et voilà que je me sens engoncé dans ce costume étroit, d'autre fois.
Nous nous tenons la main, dans une tendresse maladroite compte-tenu de l'enjeu.
On ne fait plus les malins, comme tu dis.
Mais voici que ma protégée s'avance avec moins de craintes que je ne l'aurais pensé.
Tremble-t-elle ? Elle est si frêle...non, ses cheveux vacillent dans les tourbillons du zéphyr, elle qui se projette à l'assaut du Géant, déploie son amplitude étonnante, s'en va défier les esprits du temps.
Et moi, je la regarde, pantois. Café-journal-clopes-souvenirs, incapable d'oser, mélange d'incrédulité et de contours du passé. A l'époque je l'aurais fait. Mais maintenant...elle prend le relais, si loin, si haut...maintenant je sais.
Arrivée à hauteur d'épaules (ô, que ce temps file), j'ai l'impression qu'elle se retourne, me regarde, signe le tout de gestes qui me paraissent infiniment gracieux, précis, telle une cinématique qui prend forme dans le souvenir déjà naissant, dans un présent qui n'est plus tout à fait là, sculptée par mes pupilles et à jamais.
Tandis que j'hésite entre tirer sur ce mégot, passer l'index sur ma langue pour tourner la page, boire une gorgée en évitant tout vestige de brûlure, et lui répondre, je sens que déjà elle me devance, pivote, étreint le Bloc de son volume, se fond derrière Lui en glissant le long de Sa nuque semblable à un vallon.
Ma sœur, ton éclipse est si spectaculaire, que je ressens fulgurant, le frais envelopper mes doigts, mes pieds, s'enfoncer dans le creux de mes reins, aussi bien qu'il me faut absolument me réchauffer. Les yeux toujours rivés et trop seul à (ou pour) me soucier.
Alors même que je me penche pour faire venir l'addition dans le but de me lever vers toi,
(dans l'inattention provoquée par l'appel au garçon, par celle liée au ramassage de mon attirail d'automne ; dans cet interstice provoqué par ma prise de conscience au sujet de l'absurdité de cette précipitation accentuant l'anxiété paradoxale de celui qui sait (ou qui sut!), mais surtout qui ressent inévitablement ; dans le soupçon de doute qui fait son lit, trace son sillon avec des certitudes inversement proportionnelles à ma propre force vitale au demeurant inébranlable, et dont la forme prend, en cet instant dévorant, celle d’une folie comprise dans un ego sans doute trop estimé),
Tu surgis conquérante.
Et moi l'aveugle, j'ai oublié d'être là.
Lui en faisais voir de toutes les couleurs !
Des arcs en ciel de doutes balayés vers les étoiles.
Ma récompense, cette renaissance, pourpre, fragile, était sur le seuil.
La famille a resserré les lignes du cœur.
Mais toi, où étais-tu petite sœur ?
Je ne laisse personne derrière. Je tracte et j'avise de sorte à embraser la nuit.
J'exhume des sensations ensevelies dans les puits fondés, structurés au milieu des cimes vertes et blanches. J'accueille ton âme sur mon épaule, élancée et drapée d’élégance, ornement de mes toiles.
Partageons cela, le Tout, ma précieuse, et dans l'Instant.
Et si cela existait en vrai ? Et si Talentueuse tu te savais ?
Ne t'ai-je jamais aimé au point d'en venir à consumer le tien, de chagrin...
Allez viens, je t'emmène aux confins de mon monde étourdissant de promesses dorées, de baisers, de cris et d'enfers, de cubes, d'impressions, d'argile et d'arts premiers.
Mon inséparable, je te promets.
--------
Alors nous voici, au pied de ce Colosse élémental.
Sans véritablement savoir, dans nos apparences, ce que nous venons y faire.
C'est moi qui t'y ai emmené, et voilà que je me sens engoncé dans ce costume étroit, d'autre fois.
Nous nous tenons la main, dans une tendresse maladroite compte-tenu de l'enjeu.
On ne fait plus les malins, comme tu dis.
Mais voici que ma protégée s'avance avec moins de craintes que je ne l'aurais pensé.
Tremble-t-elle ? Elle est si frêle...non, ses cheveux vacillent dans les tourbillons du zéphyr, elle qui se projette à l'assaut du Géant, déploie son amplitude étonnante, s'en va défier les esprits du temps.
Et moi, je la regarde, pantois. Café-journal-clopes-souvenirs, incapable d'oser, mélange d'incrédulité et de contours du passé. A l'époque je l'aurais fait. Mais maintenant...elle prend le relais, si loin, si haut...maintenant je sais.
Arrivée à hauteur d'épaules (ô, que ce temps file), j'ai l'impression qu'elle se retourne, me regarde, signe le tout de gestes qui me paraissent infiniment gracieux, précis, telle une cinématique qui prend forme dans le souvenir déjà naissant, dans un présent qui n'est plus tout à fait là, sculptée par mes pupilles et à jamais.
Tandis que j'hésite entre tirer sur ce mégot, passer l'index sur ma langue pour tourner la page, boire une gorgée en évitant tout vestige de brûlure, et lui répondre, je sens que déjà elle me devance, pivote, étreint le Bloc de son volume, se fond derrière Lui en glissant le long de Sa nuque semblable à un vallon.
Ma sœur, ton éclipse est si spectaculaire, que je ressens fulgurant, le frais envelopper mes doigts, mes pieds, s'enfoncer dans le creux de mes reins, aussi bien qu'il me faut absolument me réchauffer. Les yeux toujours rivés et trop seul à (ou pour) me soucier.
Alors même que je me penche pour faire venir l'addition dans le but de me lever vers toi,
(dans l'inattention provoquée par l'appel au garçon, par celle liée au ramassage de mon attirail d'automne ; dans cet interstice provoqué par ma prise de conscience au sujet de l'absurdité de cette précipitation accentuant l'anxiété paradoxale de celui qui sait (ou qui sut!), mais surtout qui ressent inévitablement ; dans le soupçon de doute qui fait son lit, trace son sillon avec des certitudes inversement proportionnelles à ma propre force vitale au demeurant inébranlable, et dont la forme prend, en cet instant dévorant, celle d’une folie comprise dans un ego sans doute trop estimé),
Tu surgis conquérante.
Et moi l'aveugle, j'ai oublié d'être là.